
Que ce soit d’un monstre au moment du coucher, d’aller à l’école ou de monter sur une tour à la place de jeux, les occasions d’avoir peur sont multiples et touchent tous les âges.
En tant que parents, on se retrouve souvent démunis face à ces réactions. Elles vont d’une simple phrase, à une énorme crise en passant par l’immobilisation totale.
Je vous propose donc quelques pistes et explications afin de tenter de comprendre ce qui se passe dans leur tête et les accompagner au mieux.
Minimiser ou protéger ?
La phrase " mais non, faut pas avoir peur ! " que nous disons spontanément n’est pas une bonne solution.
D'ailleurs, imaginez-vous que quelqu’un vous dise de ne pas vous inquiéter alors que, justement, vous vous inquiétez, je ne sais pas vous, mais moi, ça m'énerve ! 😠
Je sais bien qu’il ne faut pas, mais ça m'inquiète quand même !
Cette réponse ne m'aide pas du tout ! et je ne me sens tellement pas comprise !
Ignorer le ressenti ou le minimiser n’aide pas, cela peut même le renforcer.
« Ne le fais pas alors ! »
La peur, nous y sommes confrontés toute notre vie, à tous les âges. Si nous ne faisons que ce qui ne nous effraie pas, nous nous limitons, nous n’essayons rien de nouveau.
Nous ne gagnons pas de confiance en nous et nous ne favorisons pas notre capacité d’adaptation. Donner à l’enfant ce message, c’est le surprotéger. Et parfois, nous n’avons pas le choix : nous devons faire les choses malgré tout ! La vie étant un changement perpétuel, il est important de savoir sortir de sa zone de connu et donc d’apprendre à surmonter ses appréhensions pour aller de l’avant.
Bon, alors quelle est la bonne réaction ?
Peur = danger
Tout d’abord, il faut bien comprendre que la peur est utile, et même, indispensable. Elle protège du danger.
Grimper sur une tour à la place de jeux peut faire peur, car la chute serait douloureuse.
Dans ce cas-là, le danger est réel, et la peur essentielle. Elle n’est donc pas à mettre de côté.
D’ailleurs c’est cette même émotion qui empêche votre mini de faire du vélo sans lâcher le guidon des deux mains ! Et heureusement, sinon c’est vous qui avez peur ! 😅

Plonger dans son monde
De même que nous sommes tous différents… l’effroi sera perçue différemment par chaque personne.
Par exemple, le parent ne comprendra pas la peur du monstre au moment du coucher.
Les monstres n’existent pas et tous les recoins de la chambre ont été contrôlés.
Mais le petit, lui, il a peur. Il croit aux monstres et aux méchants. D’ailleurs, quand on y réfléchit, il y a presque toujours des méchants dans les livres ou les films. Ils n’ont pas la même apparence, certes, mais gardez à l’esprit qu’un enfant est plein d’imagination et que le monstre peut être SA représentation du méchant dans SON monde à lui.
Idem pour la peur du chien. Il a l’air tellement gentil, tellement mignon. Mais voilà, votre petite tête blonde est effrayée malgré tout.
Ne regardez pas la peur avec vos yeux d’adultes, mais avec ceux de votre enfant qui découvre le monde, la vie, et ne sait pas tout ce que vous vous savez ! N’essayez pas d’argumenter, il ne sait pas rationaliser.
En gardant ça à l’esprit, toutes les peurs sont réelles POUR LUI. Elles nous paraissent disproportionnées ou ridicules, mais elles représentent toutes quelque chose POUR LUI.
A un moment donné, il a fait un amalgame entre un événement et la peur. Cela peut être un bruit, un objet, une personne.
Il revit ou anticipe la peur à chaque fois que l’objet, le bruit, la personne, ou ce qui y ressemble ou le lui rappelle, est en face de lui.
Ne pas laisser de place à la peur !
Pour certains parents, donner de la place à la peur, qui en plus, paraît ridicule ou démesurée, est une preuve de faiblesse ! La vie est dure, il faut donc prendre sur soi et être fort !
Quand l’adulte force l’enfant à faire quelque chose malgré la peur, il ne le laisse pas accéder à son ressenti.
Plus généralement, cela risque de le couper de ses émotions. Cela deviendra peut-être un personne « forte », qui contrôle ses émotions, en apparence du moins, mais cela risque de la rendre rigide, intolérante à la faiblesse et pas à l’écoute de ses émotions.
Cela peut par exemple devenir une personne qui aura des comportements à risque (sports extrêmes, conduite dangereuse) pour se prouver qu’il est invincible et qu’il n’a peur de rien.
Comme toute chose réprimée, elle peut potentiellement s’exprimer d’une autre manière, trouver un autre chemin. Cela peut aller de se ronger les ongles, à des phobies, en passant par des douleurs physiques ou des cauchemars.
Quelqu’un de courageux n’est pas quelqu’un qui ne connaît pas la peur, mais qui OSE MALGRÉ LA PEUR.
Comment l’accompagner au mieux alors ?
Parler de la peur
La 1ère étape est d’entendre que votre enfant a peur, d’accepter cette information, sans la juger. Ce n’est ni bien, ni mal, c’est un fait.
Selon son âge, vous pouvez lui demander ce qui lui fait peur, s’il sait d’où elle vient, pourquoi elle est là, à quoi elle lui fait penser.
Cela va lui permettre de parler librement de son émotion et cela laisse de la place à son ressenti. Ça lui montre qu'IL A LE DROIT d’avoir peur, ce n’est pas quelque chose de honteux à cacher.
Vous pouvez par exemple lui demander où est la peur dans le corps (le ventre, la tête, les jambes...), comment il sait qu’elle est là, comment il la sent (tremblements, chaleur, douleur, palpitation, envie de vomir…). Les possibilités sont multiples. Il y a autant de façon de ressentir la peur que de filles et de garçons !

Moi aussi j’ai peur !
Vous pouvez lui parler d'une fois où, vous aussi, vous avez eu peur. Au travail ou quand vous étiez petite. Il y a 2 jours, comme il y a 7ans. Ça lui montre qu’il est NORMAL D’AVOIR PEUR. Ça arrive à tout le monde, même aux grands !
Il peut s’identifier et ça, c’est très rassurant pour lui.
Décrivez-lui comment elle se manifeste chez vous.
L’aider à dépasser son anxiété
Parlez-lui ensuite de courage. Incitez-le à aller au-delà de ses craintes. Oui, c'est normal d'avoir peur, mais on peut quand même essayer. Et puis des fois, nous n’avons tout simplement pas le choix. Et ça c’est une réalité qu’on ne peut pas contourner.
Demandez-lui ce qui peut l’aider à oser. Qu'est-ce qui peut le soutenir dans la situation ?
Cela fait appel à ses ressources, à ses propres solutions. Plutôt que d'emblée lui proposer la vôtre. De cette manière, il s’exerce à être autonome, car vous ne serez pas toujours là quand cela arrivera.
Et s'il n’a aucune idée, à ce moment, vous pouvez lui faire des propositions.
Je vous en partage quelques-unes : expirer pour faire sortir la peur, lui mettre la main sur le front ou sur le thorax, lui faire un câlin, l'accompagner un bout du chemin, faire une partie de l’action avec lui, faire sortir la peur du corps (en lui donnant une couleur par exemple), mettre un habit magique (une cape, une robe, un masque, une armure), prendre un doudou (même pour les grands, si ça fait son effet !), lui donner un objet à vous afin d’être un peu avec lui, faire un immense câlin pour se remplir de courage ou d’amour... NO LIMIT ! Faites appel à votre imagination et surtout à la sienne ! Vous seriez surpris des idées qu’il va trouver.
Bon certes, elles sont parfois farfelues…mais si ça marche, pourquoi ne pas essayer !?! 😊
Trouver une solution ensemble
Il a peur au moment du coucher et il vous demande de rester jusqu’à ce qu’il s’endorme.
Si ça prend 5 minutes, pourquoi pas. Mais si ça prend 45 minutes et que vous fulminez intérieurement, car vous n’avez qu’une envie, c’est de partir pour ranger la cuisine, ne choisissez pas cette solution ! C’est contre-productif. Vous êtes énervé, il le sent et ne sera pas rassuré et sera même plutôt préoccupé. Le but n’est donc pas atteint, l’énervement en plus ! 🙃
Optez pour un compromis, une solution que vous pouvez trouver ENSEMBLE.
Comme de rester 10 minutes et ensuite partir, qu’il dorme ou pas. Le cadre est ainsi posé avant et c’est clair pour tout le monde.
Et quand la peur ne lui appartient pas ?
Parfois la frayeur est bien réelle chez l’enfant (ce n’est ni du cinéma, ni un caprice), mais elle n’est pas à lui.
Elle se manifeste comme un message aux parents, comme une chose à comprendre et… à travailler soi-même. Notre bambin joue le rôle du messager.
Comme cette fille qui avait peur, n’arrivait pas à s’endormir seule tandis que sa mère, elle aussi, avait peur, mais parce qu’elle se sentait en insécurité dans son couple…
Le soir-même de cette prise de conscience, la fillette dormait sereinement.

Ou cette autre qui a peur d’aller à l’école en résonance avec son père qui avait très mal vécu sa scolarité.
Quand vous constatez une crainte qui persiste, il vaut parfois la peine de se demander si vous l’avez également. Depuis quand est présente cette appréhension ? Que s’est-il passé ? pour le petit, pour vous ? Comment vous sentez-vous ces derniers temps ?
Et si vous pensez identifier quelque chose qui vous concerne, que pouvons-vous faire pour l’atténuer ou l’éliminer pour VOUS ? Faut-il en parler à quelqu’un, prendre une décision, poser une action, chercher de l’aide à l’extérieur…?
Quel est votre besoin dans cette situation ?
Ce sont des étapes
Les peurs font partie du développement : peur de la séparation pour les plus jeunes, des monstres pour les plus grands.
Elles sont une manifestation saine de quelque chose qui perturbe et qui a besoin d’être évacué. Le temps, l’âge aide à les faire passer, elles évoluent, elles s’atténuent.
Et pour finir
Gardez à l’esprit que chaque bambin est différent et réagit à SA façon. Et qu’une chose qui fonctionne avec l’un, ne fonctionnera pas avec un autre ou qu’une astuce qui a bien marché une fois, sera un flop total la suivante.
S’il vous semble, malgré tout, que la peur prend des proportions qui vous inquiètent ou qui sont handicapantes, la kinésiologie peut aider votre enfant, ou vous-même, à vous en libérer pour (re)trouver plus de sérénité. Si vous souhaitez prendre rendez-vous à Chavornay ou à Bavois : c'est ici